Reproductions artistiques : la numérisation, base de tout le processus

Reproductions artistiques : la numérisation, base de tout le processus
Reproductions artistiques
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Beaucoup d'artistes numérisent déjà leurs œuvres afin de publier sur les réseaux sociaux. Ils les photographient avec leur smartphone, recadrent et rectifient éventuellement la photo, et c'est tout parce que c'est largement suffisant.

Tout change quand on se lance dans la reproduction artistique parce qu'il ne s'agit plus de seulement montrer sur des écrans, mais d'obtenir en bout de chaine, sur papier ou d'autres supports, une reproduction la plus fidèle et la plus précise possible de l'œuvre originale, et chaque maillon de la chaine est susceptible de dégrader le résultat final : numérisation par photo ou scanneur, correction de l'image sur ordinateur, imprimante et support d'impression. Pour chacun d'eux nous allons étudier la solution idéale, en général génératrice de coûts non négligeables, puis envisager une ou plusieurs solutions parallèles ou dégradées moins chères et leur conséquences. Logiquement, il faudrait pouvoir répondre aux questions du type "Combien ça va rapporter et donc combien je peux investir ?" mais, à moins de se lancer dans une hasardeuse étude de marché ou d'avoir des certitudes sur la valeur de son art, même reproduit, il n'est pas possible de répondre à la première question et donc la réponse à la deuxième est "le moins possible".

On peut se dire à juste titre qu'une numérisation imparfaite n'est pas très grave pour certaines petites reproductions, mais on peut aussi changer d'idée ultérieurement, vouloir mieux ou plus grand plus tard, et une prise de vue faite à la légère pourra générer des distorsions, des défauts d'exposition ou de couleur difficiles à corriger, voire des flous, une faible résolution limitera les agrandissements, un mauvais format de fichier pourra engendrer des bavures... en bref, les plus ou moins gros défauts limiteront plus ou moins l'éventail des possibles reproductions et leur valeur.

La copie numérique est aussi tout ce qu'il reste à l'artiste lorsque l'œuvre originale est vendue, donnée ou détruite. C'est donc également un précieux support d'archivage et de mémoire. 

Un outil de calcul des tailles de reproductions envisageables est à votre disposition dans l'article suivant.

1. La solution "idéale" : la prise de vue de type professionnel

Je vous suggère fortement le visionnage de cette vidéo YouTube réalisée pour Canson, qui explique très bien comment faire (vous pouvez activer les sous-titres en français : "icône paramètres -> traduire automatiquement -> français")


Les points principaux de cette vidéo très instructive sont donc :

- disposer d'un fond blanc (mur, planche, écran de projection...) pour éviter de dénaturer l'œuvre par transparence ou de lui apporter des couleurs qui ne lui appartiennent pas par réflexion.

- avoir 2 sources de lumière artificielle bien définies : éclairages diffus placés de part et d'autre de l'œuvre, avec un angle de 45° par rapport au plan de l'œuvre pour éliminer les ombres et éviter les reflets. Sa "température" doit être de type "lumière du jour" (aussi appelé "lumière froide", entre 5000 et 6000 K) pour un rendu optimal des couleurs. Il faut éviter les éclairages parasites provenant d'une fenêtre ou d'une autre pièce.

- avoir un appareil de prise de vue de bonne qualité, avec une résolution d'au moins 16 mégapixels, bien posé, et placé exactement en face de l'œuvre.

- en obtenir un fichier numérique non compressé. 

On voit tout de suite le gros problème de cette solution "idéale" : le matériel de prise de vue utilisé (appareil photo, pied, éclairage) correspond à un investissement de plus de 3000 € ! A moins d'être déjà équipé ou de vouloir devenir photographe, le fait de devoir dépenser autant uniquement pour produire un nombre assez restreint de photos de qualité ne sera rentable pour la plupart des artistes que dans beaucoup trop longtemps. Il faut donc trouver des solutions moins onéreuses, et parfois des compromis avec la qualité maximale.

2. Les solutions parallèles ou "dégradées"

2.1 L'intervention d'un ami ou d'un collègue photographe ayant l'équipement adéquat

Une solution presque gratuite à privilégier... au début, et si on en connaît ! Simple prêt du matériel ou travail de son sympathique propriétaire, ça ne devrait pas coûter beaucoup plus cher que lui offrir un café ou un repas. Le hic est que comme cette opération pourrait se répéter à chaque fois qu'une nouvelle œuvre voit le jour, la personne concernée ou l'artiste lui-même peuvent se lasser au bout d'un moment. Ou bien il va falloir attendre d'accumuler plusieurs œuvres pour diminuer la fréquence et donc repousser la diffusion des reproductions,  ça ne semble pas très viable à long terme...

2.2 Le scanneur

En soi ce n'est pas forcément une dégradation, mais on conçoit vite ses limites : l'œuvre ne doit bien sûr pas être plus grande que le scanneur, ne doit pratiquement pas avoir de reliefs en épaisseur (peinture au couteau...) et, selon sa technique (acrylique...), certaines zones peuvent briller à cause de l'éclairage direct de la machine.

Mais à l'intérieur de ces limites, le scanneur offre de nombreux avantages : coût faible voire nul puisqu'il est souvent intégré à une imprimante déjà présente, pas besoin d'éclairage, résolution suffisante, enregistrement des images au format TIFF comparable au format RAW (voir 2.5.3.5 - Le type de fichier numérique), facilité de mise en œuvre. 

Pour les reproductions, il faut régler le scanneur à sa plus haute résolution et choisir le format de fichier TIFF.

2.3 Le photographe professionnel

C'est une solution qui n'est dégradée que parce que l'on perd la maîtrise de cette partie du processus. Ce travail, plutôt technique pour un néophyte, est finalement assez basique pour un pro. Il ne lui demande pas de déplacement si on peut apporter les œuvres originales à son studio, et peut se limiter à la fourniture des fichiers numériques issus de son appareil, sans aucun traitement de sa part, sous réserve de prendre en charge soi-même l'étape suivante qui est le recadrage et la nécessaire correction de l'image sur ordinateur (post-traitement). D'après une estimation sommaire, une photo prise dans ces conditions pourrait coûter autour de 5-10€, ce que je suis en train de vérifier auprès des photographes de mon secteur. On peut aussi envisager de lui demander de procéder à la correction de l'image, travail tout aussi technique que le professionnel maîtrise bien, pour un tarif forcément plus élevé.

Edit 23/02/2022 : Sur les 4 photographes professionnels contactés, seulement 2 ont répondu. Une réponse était négative. Le seul professionnel qui a accepté d'envisager ce travail un peu singulier a indiqué les tarifs suivants incluant un déplacement (il s'agit d'une estimation sans engagement de sa part) :
- 10€ par œuvre pour la prise de vue seulement recadrée.
- 20€ par œuvre pour la prise de vue et la retouche.

2.4 La location de matériel 

Cette solution est à écarter à cause de son coût relativement prohibitif. Les propositions vues sur internet imposent parfois une location sur plusieurs jours. Par exemple, le premier site en lien ci-dessous impose une durée minimale de 4 jours et demande plus de 200€ pour un appareil photo de qualité, un pied photo et de 2 panneaux LED sur pied. Le site suivant n'impose pas de durée mais la location du même matériel coûte à peu près la même chose pour une seule journée d'utilisation effective. Comme l'opération va se renouveler régulièrement, on peut se poser la question d'un achat d'un matériel à prix réduit neuf ou d'occasion. Economiquement, on ne pourra pas non plus louer ce matériel à chaque nouvelle création. Il faudra attendre pour en regrouper plusieurs et donc repousser d'autant la fabrication des nouvelles reproductions.

https://www.photocinecomedie.com/

https://www.pixloc.fr/

2.5 L'achat de matériel moins cher, neuf ou d'occasion

2.5.1 L'éclairage

L'éclairage n'est pas tellement négociable sur certains points. En effet, on a besoin de deux sources déplaçables d'éclairage diffus de type "lumière du jour" et assez puissant, or on trouve rarement ça chez soi. On pourra peut-être dégoter 2 lampes de bureau qu'on pourra positionner un peu comme on veut, mais on n'y met jamais des ampoules puissantes diffusant une "lumière du jour" qui est une lumière "froide" assez inconfortable. Rappelons que cette "température" de lumière est nécessaire au bon rendu des couleurs. Cet éclairage particulier sera aussi utilisé au moment de comparer l'œuvre d'origine correctement éclairée et son affichage sur écran d'ordinateur afin de procéder à la retouche du fichier numérique que nous verrons dans un article suivant.

Sans aucune garantie sur la qualité du produit proposé, on trouve par exemple sur eBay, pour 44€ livraison comprise, des kits complets d'une puissance de 2 fois 135 Watts, avec une température "lumière du jour" de 5500K, non réglables mais qui correspondent au besoin. Il est difficile de faire moins cher en neuf, mais en cherchant bien, on peut peut-être trouver mieux et pas plus cher en occasion.
(Softbox Boîte à lumière éclairage Kit Photography)
https://www.ebay.fr/itm/194440549075

2.5.2 Le pied photo

On trouve des trépieds photo largement suffisants, neufs à 30€ et à 20€ d'occasion. Il vaut sans doute mieux éviter les sites du genre Alibaba même s'ils les proposent à moins de 10€.

https://www.boulanger.com/ref/8000580#Avis%20clients
https://fr.shopping.rakuten.com/offer/buy/3176873553/trepied-essentielb-ascension-ii-etui.html

2.5.3 Caractéristiques de l'appareil photo adéquat

Il est bon de prendre le temps de définir précisément ce dont on a besoin mais aussi ce dont on n'a pas besoin. Pour réaliser des numérisations, nul besoin d'un appareil polyvalent aux capacités de prise de vue extrêmes. On a juste besoin d'un appareil capable de fournir des images de qualité dans de bonnes conditions et pour un usage très restreint. 

2.5.3.1 La résolution

On nous dit qu'il faut une bonne résolution d'au moins 16 Mégapixels (16 Mpx = 16 millions de pixels). Pourquoi ? Qu'est-ce que ça signifie ? 

Cette caractéristique concerne le capteur électronique de lumière de l'appareil photo qui a remplacé la pellicule argentique des anciens appareils photos. C'est donc lui qui capture l'image. Il est composé d'une multitude de très petits puits carrés. Au moment de la prise de vue, la petite quantité de lumière tombée dans chaque puits devient, grâce à l'électronique, un pixel (picture element) constitutif de l’image numérique. Chaque pixel (px) contient les informations de luminosité et de couleur issues de la lumière que le puits a captée. Plus le capteur aura de puits, plus l'image aura de pixels, plus elle sera précise, et plus on pourra la recadrer ou l'agrandir. A noter que pour nos reproductions, on ne devrait en général pas avoir besoin de beaucoup recadrer puisqu'on va prendre soin de faire un cadrage optimal dès la prise de vue, cependant les tableaux très allongés par exemple vont nécessiter de supprimer en post-traitement des parties extérieures assez importantes.

Ce qui nous intéresse ce sont les limites des futures reproductions. Quelles seront-elles en fonction de la résolution de l'appareil ? 

Dans le domaine de l'impression on se sert aussi des pixels, ces petits carrés ayant chacun leur couleur plus ou moins sombre. On considère qu'une impression de haute qualité est faite avec une précision de 300 pixels par pouce (300 ppp, 300 ppi ou 300 dpi, c'est pareil), c'est à dire qu'on va imprimer 300 pixels sur une longueur de 1 pouce (2,54 cm). Cette valeur correspond à une limite de perception de l'œil humain. Si l'impression est plus dense, il ne peut pas voir la différence, il est donc inutile de faire mieux. Un calcul géométrique relativement simple nous informe qu'un appareil ayant une résolution de 10 Mpx fournira une image de 3651 px de longueur et 2739 px de largeur. Pour connaitre la taille maximale de l'impression de haute qualité qu'on pourrait obtenir avec elle, il suffit de diviser ses dimensions par 300, ce qui donne, en arrondissant, une impression de 12 pouces de longueur et 9 pouces de largeur, soit 31 cm x 23 cm. 

Donc un appareil photo de 10 Mpx pourra fournir une impression de haute qualité jusqu'à 31x23 cm. Les mêmes calculs avec 20 Mpx donnent 44x33 cm. Ces considérations mathématiques ont des conséquences directes sur le choix de la résolution de l'appareil à utiliser qui dépend de la taille des objets à photographier et de la taille des reproductions espérées. Par exemple, photographier une feuille A4 (21x29,7cm) avec 10 Mpx est suffisant pour la reproduire à la même échelle en haute qualité. Pour du A3 il faut déjà monter à 19 Mpx et pour un assez grand tableau 40P (100x73cm) il faut 100 Mpx !

Ce dernier exemple nous amène à une autre considération qui est la distance à laquelle on regarde une œuvre d'art et qui va nous rassurer un peu sur les possibilités de reproduction. En effet, on ne regarde pas un grand tableau (ou sa reproduction) avec le nez collé dessus, à moins de vouloir vraiment en décortiquer les détails. On estime que la bonne distance d'observation est à peu près 1,4 fois la diagonale de l'œuvre. Donc pour regarder notre tableau 40P ou sa reproduction, il vaut mieux se mettre à 1,3 m. Or à cette distance une précision d'impression de 300 ppp est totalement inutile et on peut sans problème descendre à 200 ppp, voire un peu moins, et garder une très bonne qualité d'observation car l'œil humain sera incapable de discerner les pixels. Grâce à ça, 50 Mpx seront suffisants. C'est encore beaucoup et correspond à un appareil plutôt haut de gamme... Viennent alors les questions de bon sens : veut-on vraiment reproduire à l'échelle et en très bonne qualité un tableau d'un mètre de large, et qui achètera une reproduction forcément chère de cette dimension ?

Alors quelle résolution d'appareil choisir pour de bonnes reproductions ? Compte-tenu de tout ce qui vient d'être dit, il semble que 16-20 Mpx soit un bon compromis, plus si une bonne affaire se présente, ce qui confirme le conseil de la vidéo de départ. C'est une résolution qui n'a rien d'extraordinaire aujourd'hui, même pour les smartphones.

Un outil de calcul des reproductions est à votre disposition dans l'article suivant.

2.5.3.2 Taille du capteur

On pourrait se dire "c'est bon, on vient d'en parler très longuement !". Non, car en fait le nombre de pixels ne détermine pas forcément les dimensions du capteur. Les constructeurs arrivent à fabriquer des puits de plus en plus petits, ce qui permet d'en mettre beaucoup sur une toute petite surface. C'est le cas par exemple des smartphones toujours plus performants dont certains disposent aujourd'hui de capteurs de 108 Mpx ! Mais cette miniaturisation a ses inconvénients. Les trop petits puits sont moins sensibles à la lumière, ont tendance à s'influencer, perçoivent moins bien toute la gamme des couleurs. A l'inverse, les constructeurs d'appareil photo haut de gamme vont utiliser des capteurs de grande taille, bien sûr pour y mettre beaucoup de puits mais aussi pour conserver des puits assez grands, ce qui permet d'avoir des capteurs qui fonctionnent bien en faible luminosité, qui réagissent bien lorsque les contrastes sont prononcés (soleil et ombres) et permettent de travailler avec de courtes profondeurs de champ (zone où la photo est nette) ce qui donne de beaux effets dans les portraits ou les prises de vue très rapprochées (esthétique de l'arrière-plan flou)

Il existe plusieurs taille de capteurs qui n'ont donc pas de lien direct avec la résolution. En photographie, l'étalon de taille de capteur est le "Plein format" ("Full frame") qui correspond à la taille des célèbres images 24x36mm des antiques appareils argentiques. Il existe des capteurs plus grands ("moyen format") mais ils sont réservés au très haut de gamme, et bien sûr il en existe des plus petits. Dans un ordre de taille décroissant, on va trouver les formats APS-C, micro 4/3, 1", 1/2.3" (on se demande où ils vont chercher ces noms).

Il se trouve que pour numériser une œuvre, on n'a pas besoin des qualités d'un très grand capteur puisqu'on va mettre l'appareil dans de bonnes conditions de prise de vue. A savoir aussi que les lois de l'optique imposent que plus le capteur est grand, plus l'objectif qu'il faut lui mettre devant est gros et donc cher aussi.
Je ne rentrerai pas dans plus de détails, ce qu'il faut retenir c'est que les formats APS-C et micro 4/3 sont très suffisants pour les reproductions et même plus petit peut convenir. De ce point de vue, les smartphones et les appareils "compacts" ne sont pas les mieux placés, mais ne sont pas éliminés pour autant. 

2.5.3.3 L'objectif 

Dans un appareil photo, l'objectif est un ensemble de lentilles en verre qui permet de concentrer la lumière sur le capteur. Ce qui va le caractériser c'est d'abord la qualité optique de ses lentilles qui ne doivent pas déformer l'image ni altérer les couleurs ou engendrer des reflets. La possibilité de faire bouger certaines lentilles va permettre de faire "la mise au point" qui est le choix de l'endroit où l'on veut que l'image soit nette.
L'autre caractéristique est son ouverture qui est sa capacité à plus ou moins laisser entrer la lumière et qui est généralement réglable. Pour un photographe un bon objectif est un objectif qui a une grande ouverture maximale puisqu'elle lui permet de prendre des photos dans des conditions de faible luminosité.
Une dernière caractéristique est sa focale qui correspond à sa capacité à agrandir ou rétrécir l'image. Suivant les objectifs la focale est fixe ou réglable. Un photographe (mais aussi madame ou monsieur tout-le-monde) apprécie d'avoir une grande marge de manœuvre, idéalement du grand angle au zoom très puissant. Comme l'idéal est rare, il est souvent obligé de changer d'objectif en fonction des besoins, si son appareil le permet évidemment, ce qui n'est pas le cas des smartphones ou des appareils "compacts". Aujourd'hui la plupart des appareils peuvent réaliser presque tous les réglages de façon automatique. Entre autres, l'automatisme a permis le développement fulgurant de la photo sur les smartphones, mais un photographe averti préfère parfois faire les réglages lui-même pour obtenir un résultat spécifique. Certains appareils permettent donc de "débrayer" des automatismes pour donner accès aux réglages manuels.

Pour les reproductions, seule la qualité de l'optique est un vrai critère et de ce point de vue, toutes les grandes marques se valent à peu près. Pas besoin d'une grande ouverture puisqu'on va offrir à l'appareil suffisamment de lumière grâce à un bon éclairage. Pas besoin de zoom puisque, comme on cherche à économiser, on pourra toujours déplacer l'appareil. Par contre le réglage manuel de l'ouverture est un gros atout afin de pouvoir, aussi bizarre que ça puisse paraître, la réduire le plus possible. En effet, plus l'ouverture sera réduite, moins la lumière pourra entrer en quantité. Au moment de la prise de vue, ça va obliger l'appareil à s'ouvrir plus longtemps pour capturer suffisamment de lumière et dans le même temps il va récupérer plus de détails, par conséquent l'image sera plus précise. Le temps de pose long ne sera pas un problème puisque l'appareil sera posé de façon stable. Donc les critères de sélection de l'objectif pour les reproductions sont une bonne marque et la possibilité de régler l'ouverture.

2.5.3.4 La sensibilité

C'est un paramètre modifiable du capteur, nommé ISO, qui agit, comme son nom l'indique, sur sa sensibilité à la lumière. Très logiquement, plus la sensibilité est forte, moins on aura besoin de lumière, ce qui est intéressant dans des conditions de faible luminosité. L'inconvénient d'une forte sensibilité est que ça génère des parasites qu'on appelle "bruit". Parfois les photographes s'en servent à l'extrême pour créer des photos esthétiques avec beaucoup de "grain". A l'inverse une faible sensibilité réclame plus de lumière et des temps de pose longs mais fournit des photos sans bruit, de meilleure qualité.

Pour les reproductions, on réglera donc la sensibilité au minimum, ce qui ne pose pas de problème puisqu'on va fournir un éclairage suffisant et une bonne stabilité.

2.5.3.5 Le type de fichier numérique

Le format JPG est à éviter car ce type de fichier intègre une compression des informations qui lui permet de prendre beaucoup moins de place en mémoire mais qui supprime aussi beaucoup d'informations pour y arriver. Elle peut produire des images qui s'éloignent de la réalité, avec des pavés monocolores ou des anomalies autour des contours nets. Il faut donc choisir un format de fichier "brut", sans modification de l'image captée. Sur les appareils photos ce sera le format RAW dont les défauts sont d'être 3 ou 4 fois plus volumineux que le JPG et d'être assez compliqués à exploiter ultérieurement, contrairement au JPG.

Pour les reproductions, cet aspect est finalement un des plus contraignants, car peu de smartphones ou d'appareils photo basse ou moyenne gammes donnent la possibilité d'enregistrer au format RAW, c'est le format JPG qui est fourni d'office. A noter toutefois que le format JPG n'est pas absolument rédhibitoire. Suivant la qualité de l'éclairage de la prise de vue et la façon dont il a été généré, qui dépend du constructeur de l'appareil, il peut fournir des images de très bonne qualité, mais offre moins de possibilités de correction.

2.5.4 Le choix d'un appareil

Nous avons maintenant tous les critères de sélection de l'appareil photo pour obtenir de bonnes reproductions :
- Une bonne marque
- 16 Mpx minimum
- Réglage manuel de l'ouverture et de la sensibilité
- Enregistrement des photos au format RAW

Quelques recherches m'ont permis de repérer le Panasonic Lumix FZ82, un appareil qui remplit toutes ces conditions, mais bien sûr il y en a d'autres et ce n'est qu'un exemple.
https://www.lesnumeriques.com/compact-bridge/panasonic-lumix-fz82-p37407/test.html
On le trouve neuf pour 350 € avec housse et carte mémoire

Pour conclure sur l'achat éventuel du matériel, on constate qu'après avoir bien défini les besoins spécifiques de la reproduction, on peut obtenir un matériel complet adapté, neuf pour à peu près 450€ et si on se tourne vers l'occasion pour à peu près 350€, sommes qui seraient facilement dépensées par seulement 2 ou 3 locations d'un matériel de même utilité. Ce serait aussi le tarif demandé par un photographe professionnel pour une quarantaine d'œuvres à photographier, sans post-traitement.

C'est un très gros progrès par rapport aux 3000€ de départ, mais malgré tout, pour les artistes qui ont peur d'y perdre parce que la vente de leurs reproductions est loin d'être garantie (cependant on peut revendre le matériel), ou qui ne peuvent pas avancer plusieurs centaines d'euros, c'est encore de trop.

2.6 Les moyens du bord

2.6.1 L'éclairage

On a vu précédemment (chapitre 1) que l'éclairage ne pourrait probablement pas se faire avec les moyens du bord... Quoique. Si on a 2 sources lumineuses assez puissantes et diffuses, qu'on peut les disposer convenablement, mais qui ne sont pas à la bonne température (lumière un peu trop "chaude"), on peut prendre un certain risque. Bien sûr les couleurs de l'œuvre seront elles-mêmes trop chaudes et captées comme telles, mais c'est corrigible en post-production sur ordinateur, à condition qu'au moment de la correction, qui se fait par comparaison visuelle, l'œuvre soit éclairée en lumière froide artificielle, ne serait-ce que par une seule source lumineuse, car il est impératif que l'œuvre qui sert de référence en soit vraiment une à ce moment-là. Cette condition peut être remplie par une seule ampoule à 3€ placée là où se trouveront côte à côte l'œuvre et l'ordinateur.
(Ampoule LED E27 18W Équivalent 100W A70 - Blanc du Jour 6000K)

C'est donc faisable, on aura simplement plus de correction à appliquer que si l'œuvre avait été correctement éclairée à la prise de vue. Attention, il y a quand même des limites techniques à ça.

2.6.2 Le pied photo

Si on n'a pas de pied photo, on se débrouillera avec une table ou une chaise et des livres pour poser et caler l'appareil parfaitement en face de l'œuvre. Bien sûr les ajustements seront moins faciles qu'avec un trépied.

2.6.3 L'appareil photo

Faute d'appareil photo adapté, on va très probablement se retrouver avec seulement un smartphone pour prendre les photos. Pour évaluer les conséquences, il faut en connaître la résolution (voir 2.5) et avec les smartphones récents il y a des chances pour qu'elle soit suffisante. Il faut savoir s'il dispose d'un "mode pro" pour régler manuellement l'ouverture et la sensibilité (c'est fréquent) et si on peut en obtenir des fichiers RAW (c'est rare). 

A noter qu'il existe des petits trépieds de table très peu chers pour les smartphones et que des applications comme "Bacon Camera" semblent permettre d'obtenir des fichiers non compressés. 

3. La prise de vue

Comme le montre très bien la vidéo de la solution idéale (voir chapitre 1), elle doit se faire dans ces conditions :

- L'œuvre est placée devant un fond blanc.
- Elle est correctement éclairée.
- L'appareil photo est exactement en face d'elle.
- Le cadrage est optimal, c'est-à-dire que toute l'œuvre est dans le cadre de visée de l'appareil mais rien de plus pour ne pas perdre des pixels avec du superflu.
- L'ouverture et la sensibilité sont réglées au minimum.
- Si l'appareil le permet, la priorité est donnée à l'ouverture.
- L'enregistrement des images est réglé en mode RAW.
- La mise au point (netteté) est parfaite, mais on va en général laisser faire l'automatisme de l'appareil qui va bien travailler grâce au bon éclairage.
- Au moment de la prise de vue, l'appareil ne doit pas bouger.

4. Conclusion

Ce n'est pas parce qu'une ou plusieurs conditions de la prise de vue optimale ne sont pas respectées que la reproduction devient totalement impossible. Ce sera à vous d'en connaitre les limites liées à sa résolution, de juger de sa qualité et de sa fidélité au moment de la retouche de l'image numérique. En fonction de ça, vous pourrez en déterminer la valeur technique, part conséquente de son potentiel commercial. S'il n'est pas raisonnable de proposer des tirages d'art de grandes dimensions à partir de fichiers numériques de faible résolution ou trop éloignés de la réalité, il reste quand même les impressions d'art plus petites ou les reproductions moins chères sur des supports de moindre qualité. 

5. Sources

Reproduire une œuvre :

Choisir un appareil photo :

Les types de fichiers photo :


Commentaires

  1. Merci Beaucoup pour toutes les explications et recherches .
    Très intéressant et surtout cela nous permet petit à petit d avancer dans nos choix j'ai beaucoup appris . Merci

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    1. Merci Alexandra d'avoir pris la peine de lire ce très loooooong article :)
      J'ai pas mal révisé de vieux savoirs et pas mal appris moi aussi pour l'écrire !

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